Le foie gras va pouvoir faire son retour dans les restaurants de Chicago
Le foie gras va pouvoir faire son retour sur les menus des restaurants de Chicago (Illinois, nord) après deux ans d'interdiction de ce produit, coupable d'être selon ses détracteurs le fruit du gavage cruel des oies et des canards.
Mercredi, le conseil municipal de Chicago est revenu sur sa décision: "C'est fabuleux. Ouvrez le champagne!", a réagi Didier Durand, un chef de Chicago, qui, comme d'autres professionnels, avait organisé une résistance en offrant des dégustations gratuites de foie gras.
"Nous avions monté un club appelé +la soupe à la tortue+ et quand un client nous tendait une carte de visite du club, cela voulait dire qu'il voulait déguster du foie gras", admet-il.
Ce produit a fait l'objet d'une intense campagne internationale contre le gavage des volailles. Sa production a été interdite dans une quinzaine de pays dont l'Allemagne, l'Italie, la Grande-Bretagne ou Israël.
Mais la ville de Chicago a été une des premières collectivités au monde à interdire sa vente, après le vote en 2004 en Californie d'une loi du même type devant entrer en vigueur en 2012.
Certains restaurateurs avaient combattu cette interdiction en vain devant les tribunaux et plusieurs ont dû payer des amendes.
Seule une toute petite minorité de restaurants, sur les 6.500 que compte Chicago, servaient du foie gras. Les services de santé de la ville ont traduit en justice une dizaine d'entre eux depuis l'application de l'arrêté. A la première infraction, le contrevenant recevait une mise en garde, à la seconde, il était puni d'une amende pouvant aller jusqu'à 500 dollars.
Après Chicago et la Californie (ouest), le débat a touché aussi l'Oregon (nord-ouest), le Maine (nord-est), le Massachusetts (nord-est) et le Maryland (est), près de Washington.
Le maire de Chicago, Richard Daley, a lui-même toujours critiqué l'interdiction votée par son conseil municipal il y a deux ans, estimant que cette mesure "idiote" faisait de sa ville "la risée du pays".
L'interdiction a été levée à 37 voix contre six après avoir été adoptée en 2006 par 41 voix contre une.
L'un des instigateurs de l'interdiction, Alderman Joe Moore, s'est indigné de la levée de l'interdit: "C'est une forme de cruauté abjecte", a-t-il déclaré. "Je reste persuadé qu'il est important de s'élever contre de telles formes de cruauté".
Des groupes de défense des droits des animaux ont aussi regretté de voir le foie gras revenir dans les assiettes des restaurants: "Revenir sur une décision admirable et pleine de compassion sous la pression d'intérêts particuliers est une marque de cynisme", écrit dans un communiqué Julie Janovsky, la directrice de campagne de l'organisation Farm Sanctuary.