Chasseurs et écologistes

Chasseurs et écologistes trouvent, enfin, un terrain de dialogue


Chasseurs et écologistes se sont félicités mardi, dans une rare unité, d'un accord qui, au-delà d'un compromis sur les dates d'ouverture de la chasse, marque l'amorce d'un dialogue qui a longtemps paru chimérique.
Photographe : Stephane de Sakutin AFP/Archives :: Allain Bougrain Dubourg le 25 juin 2007 à Paris


A l'issue de trois mois de discrètes négociations, associations de chasseurs, de protection de la nature et représentants du monde rural ont signé le week-end dternier un accord, révélé lundi soir, portant sur la chasse au gibier d'eau et, plus largement, sur la gestion de la faune et des territoires.

"Le dialogue est normalisé aujourd'hui. C'est un pari sur l'avenir dans les intérêts des espaces et des espèces", a estimé Allain Bougrain Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).

"C'est une réussite. C'est novateur. Pour nous, c'est une façon de faire qui ouvre une ère nouvelle", s'enthousiasmait de son côté Nelly Boutinot, vice-présidente de la Ligue Roc pour la préservation de la faune sauvage.


La Fédération nationale des chasseurs (FNC), également signataire, a de son côté jugé l'accord "imparfait" mais la méthode "encourageante". Saluant la "détermination" du ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, elle s'est félicitée de la mise en oeuvre d'une "vraie gouvernance scientifique pour la faune chassable".

Aux termes de ce compromis, qui pourrait mettre fin à 25 ans de contentieux allant jusqu'au Conseil d'Etat, la chasse de 24 espèces d'oiseaux d'eau est ouverte dans les zones humides hors littoral dès le 21 août plutôt qu'à la fin août. L'ouverture anticipée d'août sur les parties du domaine maritime est inchangée.

Les dates d'ouverture de chasse au gibier d'eau de septembre sont toutes regroupées en une date unique: le 15 septembre. Le Vanneau huppé ne sera chassable qu'à partir du 15 octobre, partout en France.

Par ailleurs, un moratoire de 5 ans est mis en place pour trois oiseaux: la Barge à queue noire, qui fait l'objet de programme de sauvegarde en Europe, le Courlis cendré, et l'Eider à duvet.

En parallèle à cet accord, l'Etat s'est engagé à mettre en oeuvre un plan de restauration du Grand Tétras, Grand Coq de Bruyère.

Mais le respect sur le terrain du texte signé à Paris inquiète déjà certains défenseurs de l'environnement.

"Cet accord sera historique à partir du moment où il sera respecté, pas avant", a mis en garde Allain Bougrain Dubourg, inquiet des manifestations de chasseurs qui ont eu lieu ce week-end dans l'Hérault, le Pas-de-Calais, la Somme et la Manche.

A l'origine de ces manifestations, Chasse Pêche Nature Traditions (CPNT) a averti qu'il entendait poursuivre ses actions de protestation, rejetant un accord qui constitue, selon lui, une victoire "pour les ultras de l'écologie radicale".

Les signataires de l'accord ont salué à l'unisson une refonte du système de collecte des données scientifiques, avec la suppression de l'Observatoire national de la faune sauvage au bénéfice d'un groupe d'experts placé sous l'égide du Muséum d'Histoire naturelle.

Pour Jérôme Bignon, député UMP de la Somme, qui présidait cette table ronde, une discussion apaisée entre tous les acteurs a permis d'échapper à un débat souvent "très manichéen". "On a été relativement discrets car trop de tintamarre n'était pas propice à une issue favorable".

Les discussions doivent reprendre en septembre. Les sujets passionnels ne manqueront pas, au premier rang desquels les dates de fermeture de la chasse, qui n'ont pas été arrêtées.