Pas de bruit, les bébés martyrs dorment !
Claude Bernard, d'où il est, doit être très fier de ces psychopates !
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Innovation. Un dispositif high-tech permet d’examiner sans les déranger des bébés souris soumis à des essais médicamenteux. Une première utile pour la pharmacie pédiatrique.
Bébé souris, au chaud au fond de sa boîte à 33 °C, la température du cœur de la portée, dort du sommeil de l’innocent. Un bon gros dodo de nouveau-né à la respiration régulière, avec ses phases d’apnée et ses périodes d’éveil au cours desquelles la petite bête, âgée de 4 jours à peine et encore aveugle, s’agite, remue et appelle sa maman en poussant des cris ultrasonores, imperceptibles pour l’oreille humaine.
Installés devant leurs ordinateurs dans les locaux de l’hôpital Robert-Debré à Paris, les membres de l’équipe de Jorge Gallego, de l’unité 676 (1) de l’Inserm, ne se reposent pas, eux. Grâce au dispositif unique au monde qu’ils ont mis au point, ils examinent depuis leurs pupitres l’état de santé du cobaye sans le toucher ou le traumatiser, ce qui arriverait certainement s’ils tentaient de le brancher par des fils à d’effrayants appareils médicaux. Tandis qu’enfermé dans sa cage de verre, le nourrisson continue à rêver, défilent sur les écrans les images visibles et infrarouges de son corps fragile, les courbes de son électrocardiogramme et de sa respiration, et l’analyse de ses vocalises…
Pédiatrie. Objectif de ces scientifiques si soucieux de la tranquillité des animaux ? Proposer un procédé pour tester sur les rongeurs de bas âge des médicaments destinés aux bébés humains. C’est que, depuis janvier 2007, un nouveau règlement adopté par la Commission européenne incite l’industrie pharmaceutique à accélérer ses recherches dans le domaine de la pédiatrie. «Or, parmi les manques pointés par le texte, figure le fait que 80 à 85 % des médicaments aujourd’hui utilisés dans cette spécialité ont été conçus pour des adultes, explique Stéphane Dauger, chef du service de réanimation de l’hôpital Robert-Debré. Plus précisément, ils ont été essayés sur des humains et des animaux matures, mais leurs effets spécifiques sur les enfants, et particulièrement sur les nourrissons, n’ont pas été clairement établis.» D’où la demande de Bruxelles que soient réalisées des études précliniques sur des bestioles à l’état juvénile avant la mise sur le marché d’une nouvelle drogue. Et la nécessité pour les chercheurs de trouver des procédés pour pouvoir effectuer un examen physiologique de ces cobayes. Une tâche redoutable, tant en raison de leur taille que de la nécessité de ne pas perturber leur développement en les inspectant de trop près. Difficile de perfuser ou de prendre la température d’un souriceau long de 2 centimètres sans le déboussoler !
La boîte «Phenopups» (2) des chercheurs de l’Inserm réalise pourtant cette performance. Constituée d’une cage transparente à travers laquelle circule de l’air, dont l’expérimentateur peut faire varier la composition à volonté, ce concentré de technologies innovantes permet d’évaluer sans contact l’état des fonctions vitales d’un souriceau, mammifère dont le développement cinq jours après la naissance égale celui d’un prématuré humain de 25 à 32 semaines.
Equipé de micros et placé sous l’œil de deux caméras - dont l’une fonctionnant dans l’infrarouge capte la température corporelle de l’animal - le dispositif contient sous son plancher quatre électrodes qui, mises en contact avec les pattes du rongeur, servent à suivre son rythme cardiaque. Autre gadget étonnant : un pléthysmographe ultra-précis, comme il n’en existe que trois ou quatre exemplaires au monde, mesure la minuscule respiration de bébés souris de 2 grammes en relevant les variations de la pression de l’air à l’intérieur de la boîte.
Pathologies. A l’aide de cet appareil, qui pourrait être la pierre angulaire d’une start-up au génopole d’Evry et qui vient d’être couronné du prix Diderot de l’innovation, Jorge Gallego et ses collègues étudient chez l’animal toutes sortes de pathologies ou de traitements pédiatriques : syndrome respiratoire d’Ondine (une forme d’apnée grave) apparaissant chez les nouveaux nés ou conséquences d’une oxygénation exagérée des prématurés.
Autre intérêt de leur machine : elle permet d’établir l’existence des éventuels effets indésirables d’un médicament sur un rongeur de moins de 10 jours. Et même de repérer, grâce aux enregistrements vidéo et audio, des incidences éventuelles sur ses capacités de mémorisation et d’apprentissage. Un soupçon de déficience intellectuelle que l’équipe de l’Inserm pourra par la suite confirmer par un test «olfacto-tactile» qu’elle a mis au point et qui consiste à soumettre le cobaye à des combinaisons d’odeurs et de caresses. Cet examen, nettement plus facile que celui du labyrinthe, utilisé pour les spécimens adultes, est capable de déterminer, sans erreur possible, si bébé souriceau est bien parti dans la vie.
(1) Physiopathologie, conséquences fonctionnelles et neuroprotection des atteintes du cerveau en développement.
(2) Plateforme de phénotypage de rongeurs nouveaux-nés.